Instagram appelle à une législation européenne imposant la vérification de l’âge et l’accord parental sur les App Stores. Et déploie, en parallèle, une campagne corporate massive. À l’heure de la simplification administrative et des omnibus européens, il peut sembler paradoxal qu’une multinationale américaine exhorte l’UE à légiférer.

Une situation urgente pour Meta comme pour la société

Premièrement, l’urgence de convaincre les parents, les législateurs, la société tout entière, de la nécessité d’un usage raisonné des réseaux sociaux. Ensuite, pour Meta, l’urgence pragmatique de sauver sa license to operate.

En effet, depuis quelques mois, l’entreprise encaisse un déferlement de sanctions et d’initiatives restreignant sa capacité d’action : amende pour non-respect du droit de la concurrence européen, sanctions pour infraction au Digital Market Act, étude de l’OMS alertant sur les dangers des écrans pour les enfants, politiques de pays comme la France, l’Espagne, la Grèce ou l’Irlande pour restreindre l’accès des mineurs aux réseaux.

Face à cette situation, une stratégie audacieuse mais ambigüe.

L’initiative de Meta illustre un adage bien connu du lobbying : quand tu te sais condamné, choisis ta peine. Reconnaître la gravité d’un enjeu pour mieux en orienter la régulation à son avantage. Mais cette stratégie est aussi audacieuse qu’ambiguë.

Audacieuse, car elle admet que les réseaux sociaux ne sont pas un divertissement comme un autre. Ambiguë, car elle se contente d’une vérification de l’âge à 13 ans, quand plusieurs États plaident pour 15 ans. Et surtout, Meta reste silencieuse sur TikTok, pourtant visé par une commission d’enquête à l’Assemblée nationale.